Lors de l’Africa CEO Forum 2025, tenu à Abidjan (Côte d’Ivoire) les 11 et les 12 mai, le président sénégalais Bassirou Diomaye Faye a affirmé la volonté ferme du Sénégal de faire du numérique « un levier majeur de transformation économique et sociale. » Il a profité de ce rendez-vous de haut niveau pour détailler sa vision d’une souveraineté numérique ambitieuse.
Interrogé sur sa conception de la souveraineté numérique et la manière dont il entend concilier cette ambition avec l’ouverture aux opérateurs internationaux, le chef de l’État sénégalais a rappelé les fondements stratégiques de sa politique. « La souveraineté, la vision que nous avons, c’est une vision stratégique prioritaire au Sénégal dans la mesure où nous considérons que c’est une révolution que nous ne pouvons pas rater après les autres révolutions qui se sont passées quasiment sans nous, sans l’Afrique », a-t-il déclaré.
Le président Faye a décliné sa stratégie autour de trois axes clés : la maîtrise des infrastructures, le développement des compétences, et la maîtrise du cadre réglementaire. « Bien entendu, cela ne veut pas dire enfermement ni autarcie, bien au contraire », a-t-il précisé, soulignant sa volonté « de bâtir des partenariats équilibrés avec les acteurs internationaux, dans le respect de la souveraineté des États africains sur leurs données et leurs infrastructures. »
Parmi les projets phares évoqués par Bassirou Diomaye Faye figure la construction de datacenters souverains au Sénégal, appuyée par une politique ambitieuse de formation et de montée en compétences de la jeunesse. « La donnée devient de plus en plus un élément extrêmement important de prise de décision pour les décideurs mais aussi de souveraineté pour les États », a insisté le Président Faye.
Sur la question du financement, celui-ci a reconnu l’ampleur du défi, tout en affirmant une stratégie claire. « Ça demande beaucoup d’investissement que les États ne peuvent pas […] simplement couvrir par un investissement public. Il faut à la fois un investissement massif tant sur le plan des investissements publics que des investissements privés. Le nouveau deal technologique que nous avons conçu au Sénégal, nous l’avons évalué à 1,7 milliard de dollars. des investissements importants.»
Le chef de l’État mise donc sur des partenariats public-privé, associant investisseurs internationaux et offre locale, dans un cadre réglementaire rigoureux garantissant l’intérêt national. « Ce sont des investissements importants. Le partenariat que nous cherchons à nouer est un partenariat qui repose sur la collaboration avec des investisseurs internationaux dans le cadre d’un partenariat public-privé, mais aussi avec l’offre locale sur laquelle nous comptons avec les partenaires qui sont dans le secteur et qui sont intéressés par un partenariat public-privé. Cette collaboration-là ne se fait pas au détriment de la souveraineté que nous devons avoir sur nos données […] mais à travers une appropriation de ces infrastructures pour qu’on puisse véritablement les exploiter », a-t-il conclu.