CEDEAO en crise : retraits, sanctions et coopérations parallèles mettent à l’épreuve l’intégration économique ouest-africaine

La CEDEAO connaît une période de turbulences sans précédent, qui remet en question la solidité même de son projet d’intégration régionale. Depuis le début de 2025, trois membres clés ; le Mali, le Burkina Faso et le Niger ; ont annoncé leur retrait officiel de l’organisation, en réaction aux sanctions économiques et politiques imposées par la CEDEAO à la suite des coups d’État militaires dans ces pays. Ces sanctions, jugées « inappropriées » et « excessives » par les autorités des États concernés, ont suscité une controverse majeure sur la légitimité et l’efficacité de l’organisation.

Le départ de ces trois pays a un impact direct sur plusieurs piliers de l’intégration économique régionale. Le Mali, le Burkina Faso et le Niger représentent à eux seuls environ 20 % de la population totale de la CEDEAO et couvrent plus de la moitié de sa superficie territoriale. Leur absence complique la gestion de l’union douanière, perturbe la libre circulation des biens et des personnes, et fragilise des projets d’infrastructures communs essentiels, comme les corridors de transport ou les réseaux énergétiques régionaux. Ces événements questionnent la capacité de la CEDEAO à maintenir un marché régional unifié et à attirer des investissements internationaux.
 
Par ailleurs, la crise a ouvert la voie à une multiplication des coopérations bilatérales et régionales hors CEDEAO, qui contribuent à complexifier davantage le paysage économique ouest-africain. Un exemple notable est celui d’Ousmane Sonko, qui a récemment signé des accords de coopération avec le Burkina Faso. Ces initiatives, parfois perçues comme des alternatives ou des critiques implicites à la CEDEAO, illustrent un phénomène de fragmentation et de remise en cause de la centralité de l’organisation régionale. Certains analystes estiment que ces dynamiques pourraient à terme affaiblir durablement la légitimité économique et politique de la CEDEAO.
 
Face à ces défis, l’organisation cherche à préserver sa cohésion en renforçant le dialogue avec ses membres restants et en adaptant ses stratégies. Cependant, la crise actuelle révèle que la CEDEAO doit réinventer son modèle d’intégration pour répondre aux aspirations nationales tout en favorisant une coopération régionale effective. L’enjeu est de taille : l’avenir économique de l’Afrique de l’Ouest dépend en grande partie de la réussite ou de l’échec de ce processus. La CEDEAO sera-t-elle capable de surmonter ces divisions et de redevenir un moteur de développement régional ? La réponse reste incertaine.

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