Le Sénégal vient d’opérer un tournant majeur dans la modernisation de sa gouvernance économique. Lancée ce mardi, la plateforme de dématérialisation des procédures de la commande publique permet désormais au président de la République et au Premier ministre de suivre en temps réel l’évolution des marchés publics, du lancement des appels d’offres à l’attribution finale.
« Aujourd’hui, le président de la République ou le Premier ministre peuvent, de leur bureau, observer l’évolution des marchés publics en cours. C’est le summum de la transparence. Tout sera traçable : les appels d’offres, les attributions et l’identité des bénéficiaires », a déclaré Moustapha Djitté, directeur général de l’Autorité de régulation de la commande publique (ARCOP), dans un entretien accordé à l’APS.
L’initiative marque, selon lui, une transformation profonde de l’administration sénégalaise. « Même si la réforme est portée par l’ARCOP, elle concerne toute l’administration publique. Aucune entité ne sera en rade », a-t-il précisé. Cette plateforme numérique, conçue avec l’appui de développeurs sénégalais, intègre des technologies avancées comme le chiffrement, la signature électronique et l’horodatage, garantissant un haut niveau de sécurité et de fiabilité.
L’ARCOP, qui conserve la responsabilité de la régularité des procédures, a mis en place un bureau d’assistance technique destiné à aider les petites et moyennes entreprises à accéder plus facilement aux marchés publics. « Ce bureau a un double rôle : identifier les opportunités et aider les PME à préparer leurs dossiers », explique Moustapha Djitté.
Pour le directeur général de l’ARCOP, cette innovation va bien au-delà de la simplification administrative : elle constitue une révolution dans la transparence et la compétitivité de la commande publique. « Avec la traçabilité qu’offre la plateforme, il deviendra très difficile de manipuler le système ou de contourner les règles. C’est un pas décisif vers une commande publique intègre, équitable et performante », a-t-il assuré.
Déjà saluée par plusieurs institutions partenaires, dont la Banque mondiale et la Banque africaine de développement, cette réforme place le Sénégal parmi les pionniers africains de la digitalisation intégrale des marchés publics, un modèle que plusieurs pays voisins souhaitent désormais adopter.