Décès de Bill Richardson, « Indiana Jones » de la diplomatie américaine

L’ex-diplomate américain spécialiste des libérations de détenus et ancien ambassadeur de Washington aux Nations unies (ONU), Bill Richardson, est décédé samedi à l’âge de 75 ans, a annoncé le vice-président de sa fondation, Mickey Bergman, dans un communiqué.
 
Egalement ancien gouverneur du Nouveau-Mexique et ex-secrétaire à l’Energie de l’ancien président Bill Clinton, M. Richardson est « décédé dans son sommeil durant la nuit », a déclaré M. Bergman.
« Le monde a perdu un défenseur de ceux qui étaient injustement détenus à l’étranger », a-t-il ajouté.
 
Spécialisé dans les négociations en vue de la libération d’Américains détenus par des pays considérés comme « hostiles » par les Etats-Unis, l’ex-ambassadeur a notamment contribué à la libération de la basketteuse Brittney Griner en 2022, alors qu’elle était détenue en Russie.
 
Saddam Hussein en Irak, Fidel Castro à Cuba, Kim Jong Il en Corée du Nord, Nicolas Maduro au Venezuela… Pendant près de 30 ans, le bouillonnant émissaire a multiplié les médiations privées auprès des pires ennemis de Washington.
 
« Il rencontrait n’importe qui, volait n’importe où, faisait tout ce qui était en son possible », a déclaré le président Joe Biden dans un communiqué, rappelant les efforts de M. Richardson « pour libérer des Américains détenus dans certains des endroits les plus dangereux de la planète ».
 
« Des pilotes américains capturés par la Corée du Nord, des travailleurs américains détenus par Saddam Hussein, des membres de la Croix-Rouge emprisonnés par les rebelles soudanais, voilà quelques-unes des dizaines de personnes que Bill a contribué à ramener à la maison », a déclaré M. Biden.
 
Il avait également joué un rôle majeur dans les négociations avec Saddam Hussein pour la libération en 1995 de deux Américains qui avaient passé la frontière irakienne.
 
– « Faire la différence » –
 
Né en Californie en 1947, Bill Richardson a grandi à Mexico avant de rejoindre les Etats-Unis à l’adolescence, dans la banlieue de Boston (nord-est).
 
Il a été l’un des premiers représentants de la communauté hispanique à avoir atteint de hautes fonctions politiques et s’était déclaré candidat à l’investiture démocrate pour l’élection présidentielle de 2008, là encore le premier candidat de la minorité latino-américaine.
 
Il s’était finalement retiré pour soutenir Barack Obama et devait rejoindre son gouvernement après son élection, mais une affaire de financement de campagne l’avait contraint à renoncer à devenir son secrétaire au Commerce.
 
Parlementaire, ambassadeur à l’ONU puis secrétaire à l’Energie de Bill Clinton, donc, à la fin des années 90, Bill Richardson s’était taillé une réputation de baroudeur, surnommé « l’Indiana Jones de la diplomatie américaine » pour ses missions officieuses auprès des bêtes noires des Etats-Unis.
 
En privé, de hauts fonctionnaires américains ont plus d’une fois laissé entendre qu’ils étaient frustrés par l’action indépendante de M. Richardson, exprimant parfois leur inquiétude quant à la possibilité qu’il sape les efforts officiels.
 
Son travail avec des personnalités autoritaires a parfois suscité des critiques de la part des défenseurs des droits humains, qui l’accusaient d’offrir une légitimité à des régimes peu recommandables.
 
« Je ne légitime pas les gouvernements », avait déclaré M. Richardson à l’AFP. « Je ne suis qu’une personne qui essaie de faire la différence ».

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