Le 26 juillet 2025, l’État du Sénégal procédera au remboursement partiel de 13,63 milliards FCFA sur son Sukuk 6% émis en 2016, confirmant la régularité de ses engagements sur ce produit financier conforme à la charia. Cette opération s’inscrit dans le cadre du calendrier prévu pour cette émission d’un montant total de 200 milliards FCFA, adossée à l’ancien aéroport international Léopold Sédar Senghor, utilisé comme actif sous-jacent.
Instrument emblématique de la finance islamique, le Sukuk repose sur un principe d’adossement à des actifs tangibles et exclut les intérêts, en conformité avec les préceptes de la loi islamique. Dans le cas du Sénégal, les fonds mobilisés ont contribué au financement de plusieurs projets d’infrastructure, notamment dans les domaines du transport, de l’énergie et de l’éducation, tout en diversifiant les sources de financement de l’État.
Au-delà de la stricte dimension budgétaire, cette régularité dans le remboursement constitue un signal fort envoyé aux investisseurs du Golfe et d’Asie du Sud-Est, mais aussi à la communauté financière ouest-africaine. Elle renforce la crédibilité du Sénégal sur le marché de la finance islamique, dans un contexte de tension sur la notation souveraine et de recomposition des équilibres macroéconomiques.
Depuis l’émission de ce Sukuk pionnier en 2014, suivie d’une seconde opération en 2016, le Sénégal s’est positionné comme l’un des pays moteurs de la finance islamique dans l’espace UEMOA. Ce positionnement stratégique vise non seulement à mobiliser des capitaux alternatifs aux obligations classiques, mais aussi à répondre à une demande croissante pour des produits financiers éthiques et inclusifs.
Cependant, la pérennité de ce type de financement dépendra de la capacité des États à garantir la transparence des projets adossés, à bien structurer les contrats, et à maintenir la confiance dans un environnement réglementaire souvent encore peu harmonisé. Dans ce sens, le remboursement partiel du 26 juillet est plus qu’un simple transfert financier : il témoigne d’un engagement à long terme, à la fois financier, politique et symbolique.
Dans un paysage international marqué par des incertitudes budgétaires croissantes, le respect des échéances du Sukuk illustre la volonté du Sénégal de préserver sa réputation d’émetteur fiable, tout en poursuivant la diversification de ses outils de financement. C’est aussi une manière de défendre un modèle économique hybride, combinant souveraineté financière, innovation islamique et discipline contractuelle.