Gaza: 27 morts dans des tirs israéliens près d’un centre d’aide, l’ONU dénonce un «crime de guerre»

C’est un nouveau massacre dans le sud de la bande de Gaza, où afflue la population affamée, rapporte notre correspondant à Jérusalem, Sami Boukhelifa. Mardi à l’aube, au moins 27 personnes « ont été tuées et des dizaines blessées quand les forces d’occupation israéliennes  ont ouvert le feu à l’aide de chars et de drones sur des milliers de civils qui s’étaient rassemblés près du rond-point al-Alam, dans la région d’al-Mawassi, au nord-ouest de Rafah », a déclaré le porte-parole de la Défense civile, Mahmoud Bassal. « C’est le troisième incident du genre en à peine trois jours », dénonce l’ONU qui évoque « un crime de guerre ».
 
L’armée avait jusque-là nié son implication dans ces fusillades. Mais pas cette fois. L’armée israélienne a indiqué avoir été confrontée à des « suspects » lors d’un mouvement de foule le long des routes menant au site de distribution d’aide. À environ un demi-kilomètre de là, « des soldats ont effectué des tirs d’avertissement et alors que les suspects ne reculaient pas, ils ont de nouveau tiré en direction de quelques suspects qui s’approchaient d’eux », a-t-elle ajouté dans un communiqué affirmant « n’avoir pas empêché l’arrivée de civils gazaouis sur les sites de distribution d’aide humanitaire ».
 
Ce nouveau drame est similaire à celui survenu dimanche au même endroit, au cours duquel 31 personnes ont été tuées et 176 blessées par des tirs israéliens selon les secours, au moment où ils étaient en route pour aller chercher de l’aide, d’après les témoignages. C’est dans cette région de Rafah que se trouve le centre de distribution alimentaire.

« Au moindre mouvement de foule, l’armée nous mitraille sans hésitation »

  La situation humanitaire  est désastreuse dans le territoire palestinien. Après deux mois et demi de blocus strict, Israël a assoupli ces derniers jours ses restrictions qui visaient l’acheminement de l’aide. Mais l’État hébreu a démantelé le réseau existant de l’ONU pour la distribution de nourriture à Gaza, et l’a remplacé par un autre mécanisme : la Fondation humanitaire de Gaza, une société privée au financement opaque, qui ne parvient pas jusqu’à présent à assurer sa mission.

L’ONU refuse de travailler avec en raison de préoccupations concernant ses procédés et sa neutralité. Les Gazaouis, eux, la surnomment, la fondation « inhumanitaire ». Cette dernière travaille sous la garde des soldats israéliens. « Les gens ont faim, ont soif. Ils se bousculent. Ils luttent pour leur survie, pour repartir avec une ration de nourriture. Mais au moindre mouvement de foule, l’armée nous mitraille sans hésitation », témoigne Baraa un jeune gazaoui, au micro de notre correspondant sur place.

L’ONU qualifie les attaques près des centres d’aide de « crimes de guerre »
 

désespérés qui tentent d’accéder à des quantités dérisoires  d’aide alimentaire à Gaza sont inadmissibles », a indiqué Volker Türk, dans un communiqué lu par un porte-parole lors d’un point de presse à Genève. « Les Palestiniens sont placés devant le plus sinistre des choix : mourir de faim ou risquer d’être tués en essayant d’accéder à la maigre nourriture mise à disposition par le mécanisme d’assistance humanitaire militarisé d’Israël », a dénoncé Volker Türk.

Le Haut-Commissaire souligne que « les attaques dirigées contre des civils constituent une grave violation du droit international et un crime de guerre ». « Pour la troisième journée consécutive, des personnes ont été tuées autour d’un site de distribution d’aide géré par la Fondation humanitaire de Gaza. Ce matin, nous avons été informés que des dizaines d’autres personnes ont été tuées et blessées », ajoute-t-il. Chacune des attaques près des centres d’aide « doit faire l’objet d’une enquête rapide et impartiale ». « Les responsables doivent rendre des comptes », a-t-il demandé.

Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé de son côté lundi à une enquête indépendante après le drame de dimanche près du même rond-point d’al-Alam, non loin d’un centre d’aide humanitaire géré par GHF.

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