La Société des Journalistes de l’AFP (SDJ) a publié un communiqué alarmant ce dimanche, avertissant que sans intervention immédiate, les derniers reporters de Gaza risquent de mourir de faim. L’AFP travaille depuis début 2024 avec une pigiste texte, trois photographes et six pigistes vidéo dans la bande de Gaza, seuls à couvrir la situation depuis l’interdiction d’entrée de la presse internationale depuis près de deux ans. « Nous refusons de les voir mourir », déclare la SDJ.
Parmi eux, Bashar, collaborateur de l’AFP depuis 2010 et principal photographe depuis 2024, a posté samedi sur Facebook : « Je n’ai plus la force de travailler pour les médias. Mon corps est maigre et je ne peux plus travailler. » Âgé de 30 ans, il vit dans les ruines de sa maison à Gaza City avec sa famille, dans des conditions de dénuement extrême, marqué par des maladies intestinales et l’effondrement de son frère aîné dimanche matin « à cause de la faim ». Malgré un salaire mensuel, rien n’est achetable à des prix abordables, aggravé par un système bancaire défaillant et des commissions de 40 % sur les transferts.
Ahlam, basée dans le sud, témoigne : « À chaque fois que je quitte la tente pour couvrir un événement, je ne sais pas si je reviendrai vivante. » Elle pointe le manque crucial de nourriture et d’eau. « Nous voyons leur situation empirer. Ils sont jeunes et leur force les quitte », alerte la SDJ, notant que leurs appels au secours sont quotidiens. Bashar a ajouté : « Pour la première fois, je me sens vaincu », espérant une aide de M. Macron pour quitter cet « enfer ». Ahlam résiste : « Ici, résister n’est pas un choix : c’est une nécessité. »
L’AFP, sans véhicules ni essence pour éviter les cibles aériennes israéliennes, voit ses reporters se déplacer à pied ou en charrette. La SDJ rappelle : « Depuis 1944, nous avons perdu des journalistes dans des conflits, mais aucun de nous n’a le souvenir d’avoir vu un collaborateur mourir de faim. »