Indignation générale des Occidentaux à la suite des bombardements massifs russes

« Crimes de guerre », « escalade inacceptable », « Etat terroriste » : Kiev et ses alliés ont fortement condamné Moscou après les bombardements de la Russie de plusieurs villes ukrainiennes, lundi, qui ont tué au moins onze civils.

Une pluie de missiles russes s’est abattue, lundi 10 octobre, sur l’Ukraine. Ces bombardements, d’une ampleur inégalée depuis des mois, ont notamment touché, dès le lever du soleil, la capitale, Kiev, pour la première fois depuis le mois de juin, Lviv, Ternopil et Dnipro.

Ces villes, habituellement épargnées par l’armée russe, ont été visées par des dizaines de missiles. Une demi-douzaine de déflagrations ont été entendues à Kiev et ont touché plusieurs quartiers dont le centre-ville. Les bombardements ont notamment pulvérisé une aire de jeux pour enfants. Les services de secours ukrainiens ont fait état d’un bilan provisoire de onze morts et 89 blessés à travers le pays, mais l’ambassadeur Sergiy Kyslytsya, représentant permanent de l’Ukraine auprès des Nations unies (ONU), a évoqué quatorze civils tués et 97 blessés.

Le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, a précisé que onze infrastructures importantes avaient été endommagées dans huit régions, outre la capitale. L’Ukraine a annoncé arrêter ses exportations d’électricité à destination de l’Europe à la suite de ces frappes, alors que des coupures d’électricité affectaient de nombreuses régions.

Le président russe, Vladimir Poutine, a confirmé que la Russie avait lancé cette campagne « massive » de bombardements de l’Ukraine en réplique à l’attaque « terroriste » du pont de Crimée subie deux jours plus tôt. Kiev n’a jamais confirmé ni démenti son implication dans cette explosion qui a fait trois morts.

M. Poutine a promis des répliques « sévères » en cas de nouvelles attaques ukrainiennes contre la Russie. Les frappes « ont atteint leur objectif », a ajouté le ministère de la défense russe. Elles sont un « premier épisode », a ensuite promis Dmitri Medvedev, numéro deux du conseil de sécurité de la Russie, alors que l’armée russe enchaîne les revers depuis le début de septembre en Ukraine, perdant du terrain dans le sud comme dans le nord-est du pays.

« Etat terroriste »

« La Russie a encore une fois prouvé qu’elle était un Etat terroriste que l’on doit dissuader de la plus forte des manières », a martelé, devant l’ONU, M. Kyslytsya. En réponse, son homologue russe, Vassily Nebenzia, a comparé le régime de Kiev à la « plus scandaleuse des organisations terroristes », en faisant référence à l’attaque du pont de Crimée.

Avant l’assemblée générale, le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, « profondément choqué », a dénoncé les bombardements russes : « Une nouvelle escalade inacceptable de la guerre » dont les civils « paient le prix le plus élevé. »

Le président américain, Joe Biden, s’est insurgé contre la « brutalité absolue » de son homologue russe, et a promis lors d’un entretien téléphonique avec le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, « de continuer à fournir à l’Ukraine ce dont elle a besoin pour se défendre, y compris des systèmes perfectionnés » de défense antiaérienne.

« Sur les 84 missiles russes tirés contre l’Ukraine, 43 ont été abattus. Sur les 24 drones russes, 13 ont été abattus », a précisé le président ukrainien, lundi, en fin de journée.

« Extrême inquiétude » d’Emmanuel Macron

Pour l’Union européenne, ces frappes contre des civils s’apparentent à des « crimes de guerre » dont les responsables devront « rendre compte ». L’Organisation du traité de l’Atlantique Nord a condamné des « attaques horribles et aveugles » d’infrastructures civiles. L’Allemagne a annoncé pour mardi une réunion d’urgence virtuelle des dirigeants du G7 et de M. Zelensky, alors qu’Emmanuel Macron a fait part à ce dernier de son « extrême inquiétude » et a promis d’accroître l’aide militaire de la France à l’Ukraine.

Le président français a tenu, lundi soir, un conseil de défense d’urgence sur l’Ukraine, mais aucune déclaration n’a été faite à l’issue de cette réunion à laquelle participaient notamment les ministres des affaires étrangères, Catherine Colonna, et des armées, Sébastien Lecornu.. Ces « frappes délibérées de la Russie sur l’ensemble du territoire ukrainien et contre des civils, c’est un changement profond de la nature de cette guerre », avait dit dans la journée M. Macron lors d’un déplacement en Mayenne.

Tous les pays des Nations unies se sont réunis, lundi après-midi, en Assemblée générale d’urgence pour débattre d’une condamnation de l’annexion de régions ukrainiennes par Moscou. Avec cette résolution, qui pourrait être mise au vote mercredi, les Occidentaux espèrent montrer que la Russie du président Vladimir Poutine est isolée sur la scène internationale.

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