Elon Musk a répondu «Oui» à un tweet réclamant la destitution du président américain Donald Trump et son remplacement par le vice-président JD Vance. Entre les deux géants, la rupture semble actée.
Un feuilleton à ne pas manquer. Leur alliance était spectaculaire et intense, leur rupture l’est tout autant : Donald Trump et Elon Musk se sont déchirés publiquement ce jeudi, s’accusant de «folie» pour l’un, «d’ingratitude» pour l’autre. Le président américain a assuré sur son réseau Truth Social qu’il avait mis fin à la mission budgétaire d’Elon Musk, selon lui «devenu fou» à cause d’une décision défavorable aux véhicules électriques.
S’en sont suivies plusieurs accusations des deux côtés, menant Elon Musk à frapper directement sous la ceinture, affirmant, sans apporter de preuve, que le nom du président se trouvait dans le dossier Jeffrey Epstein, ce financier américain au cœur d’un vaste scandale de crimes et d’exploitation sexuels qui s’est suicidé en prison avant d’être jugé. En réponse, la Maison Blanche s’est contentée de qualifier ces attaques de «regrettables».
«Il est temps de lâcher la grosse bombe : (Trump) est dans les dossiers Epstein», a posté Elon Musk sur X, alors que sa querelle croissante avec le président a dégénéré jeudi en une violente prise de bec publique. «C’est la véritable raison pour laquelle ils n’ont pas été rendus publics.»
Les réactions des internautes n’ont pas tardé à fuser dans tous les sens, Elon Musk répondant à l’un d’entre eux par l’affirmative concernant la destitution du président américain et son remplacement par le vice-président JD Vance. L’administration Trump a reconnu qu’elle examinait des dizaines de milliers de documents et vidéos qui, selon le mouvement «Maga» qui soutient Donald Trump, permettront de démasquer les personnalités publiques complices des crimes d’Epstein.
Des informations dissimulées par le gouvernement ?
Selon les partisans du président républicain, férus de théories conspirationnistes, des personnalités proches d’Epstein ont vu leur rôle dans ses crimes sexuels dissimulés par des fonctionnaires. Ils accusent les démocrates et des célébrités d’Hollywood, mais pas Donald Trump lui-même, et aucune source officielle n’a jamais confirmé que le président apparaissait dans l’un ou l’autre des documents.
Elon Musk n’a pas précisé de quels fichiers il parlait et n’a fourni aucune preuve de ce qu’il avançait. Mais ses allégations ont suscité de nouvelles demandes de divulgation des documents… cette fois-ci de la part de démocrates, désireux de retourner la théorie conspirationniste des supporters «Maga» contre eux-mêmes.
Pour rappel, Jeffrey Epstein est mort, officiellement par suicide, dans une prison de New York en 2019 avant d’être jugé pour trafic sexuel. Il était fiché délinquant sexuel depuis plus de dix ans à la suite d’accusations selon lesquelles il aurait eu recours aux services de dizaines de prostituées mineures, qui lui ont valu une condamnation pour des faits secondaires.
Donald Trump a toujours nié avoir passé du temps dans la propriété d’Epstein sur les îles Vierges américaines où, selon les procureurs, le financier se livrait à un trafic sexuel avec des jeunes filles mineures. L’une des victimes, Virginia Giuffre – qui s’est suicidée en avril, selon sa famille – avait accusé le financier de l’avoir emmenée en avion à des rencontres sexuelles avec des têtes couronnées et des hommes politiques alors qu’elle était mineure.
Le président avait affirmé avant son élection l’année dernière qu’il n’aurait «aucun problème» à rendre publics les dossiers relatifs à Epstein. Mais si son administration a rendu publiques plus de 63.000 pages liées à l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy, elle n’a pas tenu sa promesse concernant les dossiers d’Epstein.
Politifact a enquêté sur les dénégations de Donald Trump et conclu que le président avait voyagé à bord du jet de Jeffrey Epstein au moins sept fois. Et les deux hommes ont participé aux mêmes soirées dans les années 1990. Mais il n’y a aucune preuve que le magnat de l’immobilier ait visité l’île d’Epstein. Le président américain, qui était le voisin d’Epstein en Floride et à New York, avait déclaré au début des années 2000 que le financier était un «type formidable». «C’est très amusant d’être avec lui. Il se dit même qu’il aime les belles femmes autant que moi, et beaucoup d’entre elles sont très jeunes».
Les démocrates réclament des réponses
Des milliers de pages de dossiers sur l’affaire ont été publiées en 2019, d’autres en 2024, mais elles contenaient peu de preuves d’actes répréhensibles de la part de personnalités célèbres. Les élus de l’opposition démocrate ont en tout cas sauté sur les allégations d’Elon Musk.
«Il y a un mois, j’ai demandé la publication intégrale des dossiers Epstein parce que je soupçonnais (la ministre de la Justice Pam Bondi) de les dissimuler pour protéger Donald Trump», a ainsi écrit Dan Goldman, membre du Congrès de l’État de New York, sur X. «Aujourd’hui, mes soupçons ont été confirmés.»
Même son de cloche chez son collègue démocrate Ted Lieu (Californie), persuadé Donald Trump est «au courant de tous les dossiers Epstein». «Que cache l’administration Trump ?», a-t-il déclaré.
Tim Miller, ancien porte-parole du Comité national républicain devenu un féroce critique de Trump, a fait écho à cet appel : «Le peuple américain mérite de savoir si notre président est un pédophile», a-t-il posté sur X.