La quatrième édition de la Conférence sociale s’est ouverte ce jeudi au Centre international de Conférence Abdou Diouf (CICAD) de Diamniadio, sous la présidence du chef de l’État Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Cette édition, placée sous le thème : « Emploi et employabilité des jeunes pour un Sénégal souverain, juste et prospère », s’inscrit dans une dynamique de renouveau du dialogue social, dans un contexte marqué par une jeunesse en quête d’opportunités et une économie en transformation rapide.
Dans son discours inaugural, le président de la République a d’emblée rappelé le rôle fondamental de l’emploi dans la stabilité sociale et le développement humain. « Trouver un emploi qualifié requiert un ensemble de compétences, de qualités et d’aptitudes. C’est ce qu’on appelle l’employabilité », a-t-il déclaré, soulignant le lien étroit entre l’emploi et la capacité d’insertion dans un marché du travail de plus en plus exigeant.
Le chef de l’État a évoqué les mutations technologiques accélérées, notamment l’essor de l’intelligence artificielle et l’automatisation, qui redéfinissent profondément le monde du travail. Il a insisté sur l’urgence d’anticiper ces bouleversements en adaptant les systèmes de formation aux compétences de demain. « Il existe donc un lien interdépendant entre l’emploi et l’employabilité qui permet à un individu d’obtenir, de se conserver et d’évoluer dans un emploi. C’est un défi permanent face au bousculement technologique majeur que connaît notre époque, notamment avec l’essor fulgurant de l’intelligence artificielle et l’utilisation croissante des robots et des services automatisés à la place des humains. Ces évolutions posent avec acuité la question de l’avenir du travail et les compétences de demain », a-t-il noté.
En plus de cela le président Faye s’est appuyé sur les données de l’Organisation internationale du Travail (OIT), selon lesquelles un jeune sur cinq (1/5) dans le monde est sans emploi, sans formation et sans éducation. En 2023, 453 millions de personnes étaient en déficit d’emploi, et 191 millions officiellement au chômage. Une situation qui appelle, selon lui, « une mobilisation immédiate, coordonnée et déterminée à l’échelle nationale et internationale ».
Citant les engagements pris depuis le sommet de Ouagadougou en 2004, Bassirou Diomaye Faye a rappelé que la création d’un environnement favorable à l’emploi reste un impératif partagé. « Cette réalité douloureuse exige une mobilisation immédiate, coordonnée et déterminée à l’échelle nationale et internationale. C’est pourquoi, depuis le sommet des chefs d’État et de gouvernement tenus à Ouagadougou en septembre 2004, les États signataires de la Convention n°122 de l’Organisation Internationale du Travail se sont engagés à créer un cadre favorable à l’emploi pour tous. La Banque mondiale, consciente du phénomène, a appelé à lever les obstacles à l’emploi indiquant que les pays en développement doivent créer 600 millions d’emplois supplémentaires d’ici 2030 pour accompagner leur croissance démographique », a-t-il insisté.
Un diagnostic sans complaisance pour le Sénégal
Sur la situation nationale, le constat est tout aussi préoccupant. Le Sénégal fait face à une forte pression démographique avec une population très jeune. « Le Sénégal, à l’instar de plusieurs pays, est également confronté au défi de l’emploi et de l’employabilité, marqué par une démographie croissante, une population très jeune et une économie dominée par le secteur informel. Malgré plusieurs initiatives et programmes en faveur de l’emploi, les résultats obtenus à ce jour sont peu satisfaisants. Les chiffres du dernier recensement de la population et de l’habitat de 2023 indiquent clairement l’ampleur du défi. 75% ont moins de 35 ans, un taux d’emploi urbain de 44,3% contre seulement 33,6% en milieu rural. Une disparité préoccupante entre les hommes et les femmes, ces dernières (femmes)étant particulièrement frappée par le chômage, avec un taux de 36,7% », a rappelé Président Faye.
Ce dernier n’a pas manqué de souligné les failles du dispositif national. Il a pointé « l’absence d’une réelle politique nationale de l’emploi, l’inexistence d’un observatoire dédié, une faible articulation entre formation et marché de l’emploi, ainsi qu’une mauvaise coordination des structures existantes ». À cela s’ajoute « une inadéquation des offres de formation, des financements insuffisants et une faible valorisation des secteurs à fort potentiel comme le numérique ou l’artisanat. »
Un appel à l’action collective
Face à ce tableau sombre, le président a plaidé pour l’élaboration d’une feuille de route ambitieuse et inclusive. « il est impératif d’agir ensemble dans une démarche inclusive et pragmatique afin d’élaborer une feuille de loi ambitieuse reposant sur un dispositif institutionnel adapté. Pour promouvoir l’entrepreneuriat et l’Insertion des jeunes demandeurs d’emploi. C’est dans cela que s’emploie notre gouvernement depuis notre arrivée à la tête du pays», a-t-il lancé.
Organisée par le ministère du Travail, de l’Emploi et des Relations avec les Institutions (MTERI), cette conférence sociale vise à poser les bases d’un nouveau contrat social. Elle s’inscrit dans la stratégie de développement du Sénégal à l’horizon 2050, dans une optique de paix sociale durable et de souveraineté économique.