Le Premier ministre Ousmane Sonko a dévoilé ce samedi un remaniement du gouvernement, marqué par une réorganisation en profondeur et des priorités clairement affichées. Dans une déclaration solennelle, il a d’abord tenu à remercier les ministres sortants, rappelant que « le Président de la République leur réaffirme sa confiance, qui ne s’arrête pas du seul fait de l’interruption de leurs fonctions ministérielles ».
S’adressant ensuite à la nouvelle équipe, il a fixé une ligne de conduite stricte : « Ce gouvernement ne sera pas un gouvernement de villégiature. C’est un gouvernement de travail, d’engagement. Je demanderai à chaque ministre de donner le meilleur de lui-même pour travailler 7 jours sur 7 et 20 heures sur 24. Le Président de la République lui-même me soumet à ces mêmes exigences en tant que Premier ministre. C’est un gouvernement de travail, d’engagement. Comme je l’ai toujours fait à la tête de ce gouvernement, depuis qu’on est aux affaires, je serai intransigeant et très exigeant. »
La nouvelle architecture gouvernementale illustre une volonté de rationalisation et de recentrage autour des priorités nationales. La justice, placée désormais « au sommet de la hiérarchie gouvernementale, juste après le Premier ministre », devient le premier levier de réformes. « Nous veillerons à ce que, aussi bien en termes de réformes à faire qu’en termes de fonctionnement quotidien, cet outil se réconcilie avec les Sénégalais et reconquiert la confiance de l’ensemble des citoyens », a insisté Ousmane Sonko.
L’emploi figure également au cœur de la nouvelle stratégie. Conscient que la question de l’insertion professionnelle reste une préoccupation majeure de la jeunesse, le Premier ministre a annoncé la création d’un portefeuille spécifique confié à Moussa Fadjik Sarri, qui associe emploi, formation professionnelle et technique.
D’après lui, il s’agit de mettre en synergie deux leviers complémentaires pour répondre aux attentes sociales.
Autre nouveauté, la transformation du ministère des Pêches en « Ministère des Pêches et de l’Économie maritime ». Ousmane Sonko a justifié ce choix en expliquant que « les mers et les fleuves permettent de développer un ensemble d’activités économiques et commerciales au-delà de la pêche », et qu’ils doivent devenir un moteur de croissance.
Selon lui, cette orientation s’inscrit dans une vision plus large d’industrialisation et de valorisation des ressources naturelles.
Concernant les infrastructures, le Premier ministre a dénoncé « l’émiettement » qui prévalait jusque-là, chaque ministère disposant de ses propres directions techniques. « Cet éclatement a affaibli la qualité d’exécution et miné la transparence », a-t-il déploré.
En conséquence, il a annoncé une centralisation accrue pour garantir une meilleure maîtrise des projets.
La culture, qualifiée de « fin de toute œuvre de développement » en reprenant Léopold Sédar Senghor, a été rattachée à l’artisanat et au tourisme. L’objectif est de renforcer les synergies entre industries créatives, patrimoine culturel et développement économique, afin de faire de ce secteur un pilier de l’économie nationale.
La communication gouvernementale bénéficie, elle aussi, d’une innovation majeure. Pour la première fois, un secrétaire d’État a été désigné pour porter exclusivement la parole du gouvernement et assurer les relations avec les institutions, en particulier l’Assemblée nationale. « Quelle que soit la qualité de l’action gouvernementale, elle ne peut avoir de pertinence que par la communication qui l’accompagne », a rappelé Ousmane Sonko.
Au-delà de la réorganisation des portefeuilles, le Premier ministre a souligné la philosophie qui guide cette équipe : transparence, efficacité et centralité des politiques publiques. « Nous avons voulu bâtir un gouvernement qui reflète nos priorités : justice, emploi, agriculture, pêche, ressources extractives, industrialisation, infrastructures et culture », a-t-il affirmé.
Ce remaniement intervient dans un contexte où les attentes de la population sont fortes, tant sur le plan social qu’économique. Ousmane Sonko a reconnu la lourde responsabilité qui pèse sur son équipe : « Je suis sûr que cette équipe sera à la hauteur pour relever les défis qui nous attendent. »