Washington cesse des livraisons d’armes à l’Ukraine

Les Etats-Unis ont annoncé mardi avoir cessé de livrer certaines armes à Kiev, disant s’inquiéter de la baisse de leurs propres stocks de munitions, au moment même où la Russie intensifie ses frappes contre l’Ukraine.

« Cette décision a été prise pour mettre les intérêts de l’Amérique en premier », a déclaré, dans un communiqué transmis à l’AFP, Anna Kelly, une porte-parole adjointe de la Maison Blanche, confirmant des informations de presse.
 
Mme Kelly n’a pas donné plus de précisions. Selon Politico et d’autres médias américains, cet arrêt des livraisons pour Kiev concerne notamment les systèmes de défense aérienne Patriot, l’artillerie de précision et les missiles Hellfire.
 
Cette décision fait suite, selon ces médias, à des inquiétudes du Pentagone quant aux réserves de l’armée américaine, sur lesquelles est directement prélevée l’aide militaire à l’Ukraine.
 
Elle intervient au moment où, après deux séances de négociations infructueuses à Istanbul entre délégations des deux pays, l’Ukraine fait face à une intensification des attaques aériennes russes.
 
Le nombre de drones longue portée lancés par la Russie a connu en juin une hausse de 36,8% sur un mois, selon une analyse de l’AFP établie mardi.
 
Selon les chiffres de l’armée ukrainienne, la Russie a envoyé 5.438 drones d’attaque longue portée contre son territoire en juin — le nombre le plus élevé depuis février 2022 — contre 3.974 en mai.
 
Il s’agit des drones envoyés de nuit et comptabilisés chaque matin par Kiev. Ces chiffres n’incluent pas les attaques d’autres types de drones utilisés massivement sur le front.
 
– « +leader du monde libre+ » –
Ces frappes mettent à rude épreuve les défenses antiaériennes et une population civile épuisée après bientôt trois ans et demi d’invasion russe.
 
De nouvelles attaques ont été rapportées mercredi à l’aube par les autorités ukrainiennes, dont une menée avec des drones contre une ferme du village de Borivske, dans la région de Kharkiv, qui a fait un mort et un blessé. Deux autres attaques dans la même région ont fait des dégâts matériels, mais pas de victime.
 
Jusqu’à présent et malgré la relation conflictuelle avec Kiev, le gouvernement de Donald Trump poursuivait, au moins partiellement, l’aide militaire initiée sous Joe Biden. Sous le mandat de ce dernier, les Etats-Unis ont fourni pour plus de 60 milliards de dollars d’aide militaire à Kiev.
 
« Si cette réduction de l’aide américaine ne provoquera pas l’effondrement des lignes ukrainiennes, elle nuira gravement à la défense de l’Ukraine, en particulier à ses capacités en matière de missiles antibalistiques et de frappes de précision », a estimé John Hardie, spécialiste de la Russie à la Foundation for Defense of Democracies (FDD), un institut indépendant basé à Washington.
 
« Cette décision entraînera la mort d’un plus grand nombre de soldats et de civils ukrainiens, la perte d’un plus grand nombre de territoires et la destruction d’un plus grand nombre d’infrastructures essentielles », a prédit cet expert.
 
Ancien ambassadeur américain en Russie (2012-2014), Michael McFaul, a fustigé cette décision : « l’administration Trump arrête même la livraison de (missiles) Patriotes? Tellement dégoûtant et embarrassant pour le +leader du monde libre+ », a-t-il déclaré sur X.
 
De son côté, l’armée ukrainienne a revendiqué mercredi une attaque contre une raffinerie de pétrole dans la région de Saratov, en Russie, utilisée selon elle « pour fournir du carburant et des lubrifiants aux unités militaires russes impliquées dans l’agression armée contre l’Ukraine », selon un message de l’état-major publié sur Telegram.
 
Les autorités russes n’ont pas immédiatement confirmé cette attaque.
 
Dans une rare conversation téléphonique avec son homologue français Emmanuel Macron mardi, le président russe Vladimir Poutine a prévenu que tout accord de paix en Ukraine devrait être « global et sur le long terme, prévoir l’élimination des causes profondes de la crise ukrainienne et s’appuyer sur de nouvelles réalités territoriales », selon le Kremlin.
 
Moscou a déjà revendiqué l’annexion de quatre régions ukrainiennes, en plus de la péninsule de Crimée, qu’elle a envahie en 2014.
 
Pour Vladimir Poutine, le conflit ukrainien est « une conséquence directe de la politique des Etats occidentaux », qui ont « ignoré les intérêts sécuritaires de la Russie depuis des années » et créé une « tête de pont anti-russe en Ukraine ».

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