Exclusif : les secrets de l’enquête sur l’affaire “Nelly” qui a secoué Ziguinchor

L’affaire dite “Nelly” a défrayé la chronique ces derniers jours à Ziguinchor. Elle concerne une jeune femme âgée de 23 ans, originaire du Nigeria, porteuse du VIH/SIDA, qui aurait déclaré son intention de propager le virus au sein de la communauté d’accueil.

Selon les premiers éléments, Nelly s’est confiée à une amie à propos de ses intentions. Cette dernière, choquée, l’a dénoncée à la police. L’enquête ouverte a permis d’identifier et d’interpeller Nelly dans un bar populaire de la ville.

Les enquêteurs ont réuni plusieurs éléments de preuve, notamment une conversation WhatsApp dans laquelle la jeune femme a écrit : « Je suis née avec le sida et je vais propager cette maladie à Ziguinchor. »
Dans un autre message, elle a menacé de jeter des sorts, avec l’aide de ses parents, à toute personne qui la dénoncerait.

Au cours de son audition, Nelly a nié en larmes les faits qui lui sont reprochés, tout en semblant ignorer l’existence de ces messages. Elle a d’abord été placée en garde à vue, puis sous mandat de dépôt. Au moment où nous écrivons ces lignes, elle est détenue à la Maison d’arrêt et de correction de Ziguinchor, sur instruction du parquet. L’enquête suit toujours son cours.

Mais d’où vient Nelly ?

Originaire du Nigeria, Nelly aurait séjourné à Dakar, Kaolack et en Gambie avant de s’installer à Ziguinchor, où elle a trouvé, selon elle, un “business plus rentable”. En Gambie, expliquent nos sources, elle facturait ses services autour de 1 000 francs CFA, tandis qu’à Ziguinchor, les tarifs varient entre 5 000 et 10 000 francs CFA, voire plus. Une différence qui expliquerait, en partie, la forte présence de travailleuses du sexe dans la région.

Comment Nelly a-t-elle pu échapper aux contrôles médicaux ?

Nelly détenait un carnet médical l’autorisant à exercer la prostitution. L’enquête a révélé qu’elle était suivie par une infirmière bien informée de sa séropositivité, mais qui n’avait pas retiré son carnet. Pour se justifier, l’infirmière a déclaré aux enquêteurs qu’aucun texte legislatif n’interdit la personne séropositive d’exercer le métier de prostitution. Selon elle, il suffit juste de respecter les redez-vous, être assidu et suivre le traitement. Suite au déférement de la mise en cause au parquet que le procureur a demandé sa conduite puis remise en liberté provisoire. Elle reste cependant à la disposition de la justice.

Par ailleurs, des clients proches de Nelly ont été identifiés. Les autorités encouragent ces derniers à se faire dépister.

 

Une affaire révélatrice de la situation du VIH à Ziguinchor

L’affaire Nelly met en lumière la progression inquiétante du VIH/SIDA dans la région. Lors du lancement du projet « Vers un futur sans SIDA : synergies pour des initiatives intégrées, inclusives et équitables au Sénégal (FAIES) », le directeur régional de la santé rappelait que « Ziguinchor et Sédhiou affichent un taux de prévalence de 1,5 %, le plus élevé du Sénégal. Une hausse des nouvelles infections est notée chez les jeunes de 15 à 24 ans. »

Le Dr Tine avait également souligné le rôle crucial du projet FAIES dans le renforcement du système de santé et d’information sanitaire, deux leviers essentiels pour améliorer la réponse au VIH dans ces régions.

Pour rappel, lors de la célébration de la Journée mondiale de lutte contre le SIDA en 2024, la conseillère technique régionale du VIH/SIDA à Ziguinchor, Maïmouna Gueye, avait révélé que « la région compte 4 656 personnes vivant avec le VIH, dont la plupart ignorent leur statut. Parmi elles, 461 sont des enfants âgés de 0 à 14 ans, et 4 195 des adultes. Le taux de prévalence régional est de 1,5 %. »

Face à ces chiffres, les autorités sanitaires redoublent d’efforts pour freiner la propagation du virus, à travers la sensibilisation sur les comportements à risque, la promotion du préservatif et l’amélioration de l’accès aux soins, notamment dans les zones reculées.

Ansoumana Dasylva/GMS

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *