C’est un fait inhabituel, a reconnu le président de la Cour. Roger Lumbala n’a pas attendu la décision sur la compétence de la juridiction. Debout dans le box des accusés, l’ancien chef rebelle congolais s’est montré particulièrement combatif.
« Je considère la France comme incompétente pour me juger. Je considère la procédure inéquitable. Je récuse mes avocats », a-t-il déclaré. Et il ajoute : « Je refuse d’être représenté par un autre avocat. Je refuse de comparaître et je demande de me retirer de la salle d’audience et de ne plus y revenir ».
Silence dans la salle. Le président de la Cour a alors commis d’office Maître Hugues Vigier, déjà membre du collectif de défense. Mais l’avocat a décliné, expliquant ne pas voir quel rôle il pourrait jouer dans ces cas. « Je ne peux pas représenter un homme contre sa volonté ou en restant muet », a-t-il déclaré, évoquant un motif d’empêchement.
Roger Lumbala déterminé
Roger Lumbala a de nouveau pris la parole, cette fois avec plus de virulence : « La Cour est composée de français, les membres du jury, les avocats généraux, les greffiers. Je présente un seul avocat congolais et vous le refusez ». Et il va encore plus loin : « Vous n’avez jamais été au Congo, vous n’avez pas mené d’enquête en RDC. Vous me jugez de quoi ? Faites la justice comme vous le souhaitez, condamnez-moi comme vous le souhaitez, mais je ne veux pas participer à cette parodie de justice ».
Pour Me Tshibangu Kalala, la récusation des avocats est une évidence. « Nous vous disons que dans notre stratégie judiciaire, il était question de contester la légitimité de la France de juger Roger Lumbala, ici, et de récuser les avocats qui sont censés l’assister dans ce combat judiciaire ».
Selon Me Zeller, l’un des avocats de la défense, ce procès illustre « une justice néocoloniale qui bafoue la souveraineté de la RDC ». Il ne s’attendait pas à une révocation, mais dit comprendre la position de son client. « Nous sommes amers parce que nous estimons qu’il y avait beaucoup de choses à dire pour la défense de notre client dans ce dossier. On a le sentiment que d’un côté, il y a une démarche parfaitement compréhensible et audible de la part de Roger Lumbala, et d’un autre côté, il y a une forme de gâchis.
La question de la légitimité au centre des débats
Ce 13 novembre, le président de la Cour d’assises doit répondre à la question de sa légitimité à juger Roger Lumbala pour complicité de crimes contre l’humanité commis à l’est de la RDC. Alors que les débats ont porté sur la légitimité ou non de la compétence universelle, Me Clémence Bectarte, avocate de la Fondation Clooney pour la justice, de Justice Plus et de plusieurs parties civiles, estime qu’il est essentiel que justice soit rendue pour les crimes restés impunis.
