Mon Pays le Sénégal : CROIRE EN LA RÉPUBLIQUE ET EN DES HOMMES DE VALEUR (Par Dr Georges Mansaly)

Actuellement, le sentiment amèrement éprouvé par les Sénégalais est : le dépérissement accentué de la République et de son système d’organisation démocratique. Un système  profondément affecté par la mauvaise foi de ses animateurs, en l’occurrence, la classe politique.

En témoigne, la cacophonie qui en prélude aux élections législatives de juillet 2022, est en train de se constater à toutes les étapes du processus électoral : du décompte des parrains au contrôle de régularité des listes jusqu’à leur validation juridique. Le débat controversé entre la Coalition au pouvoir « BENNO BOKK YAKAAR » et celle reconnue, la plus significative de l’opposition « YEWWI ASKAN WI –WALLU », amène à penser que la classe politique sénégalaise, met l’électeur Sénégalais très mal à l’aise. Car il lui est difficile de se  situer par rapport à l’intérêt républicain. Il urge alors dans l’intérêt de tous de  rappeler les conditions minimales d’une véritable république.

I- APPROCHE SIMPLIFIÉE DE LA RÉPUBLIQUE

La République dans son essence, repose sur la sacralité de l’intérêt général.

Au principe de la sacralité de l’intérêt susmentionné, en République tout s’inspire d’un système de légalité et de constitutionnalité : Neutre-Impartial, arrimé à cet effet, à la séparation des pouvoirs induisant logiquement à leur contrôle réciproque.

Au vu de l’historique des Républiques, les pouvoirs classiques et séparés consubstantiels à leur émergence sont :

–          Le pouvoir Législatif

–          Le Pouvoir Exécutif

–          Le Pouvoir Judiciaire

Consécutivement à cette classique séparation des pouvoirs, dans le champ politico-social, tout le pouvoir ne peut désormais se retrouver entre les mains d’une seule personne, d’une seule classe sociale ou de toute autre entité prise séparément. La République devient ainsi un espace de débat, de concertation, de contestation équilibrés et franchement soucieux de la recherche et de la protection de l’intérêt commun. L’espace républicain dans la pratique quotidienne, met en péril, l’intérêt crypto-personnel, le clanisme, la pensée unique et les dérives autoritaristes.

Dans son élan de démocratisation progressive, la presse indépendante, le pouvoir décentralisé, tout comme l’opposition, même dite radicale, la vraie société civile, s’imposent aujourd’hui comme  contre-pouvoirs nécessaires dans la construction de la citoyenneté, l’équilibre de l’information, en vue d’une orientation consciente et responsable des populations dans la prise en charge de leurs destinées.

Lorsque  le fonctionnement de tous ces contre-pouvoirs est menacé de ruine surtout par un pouvoir voulant tout centraliser, alors nous nous retrouvons dans la situation de  sujétion politique et  non de  citoyenneté.

Nous remarquerons qu’à l’idée de sujet politique, il est question d’individus n’ayant à l’endroit de l’État central que des devoirs. Devoir de totale soumission même à la manifestation  de l’arbitraire et de l’injustice de la part des autorités et collaborateurs de l’État central. Ce qui naturellement conduit à une justice aux ordres de l’exécutif, une assemblée nationale au service des intérêts d’un homme et du parti au pouvoir. Avec une conception et un vote des lois traduisant la seule volonté du chef et de son parti, mais rarement sinon jamais la volonté et les aspirations du peuple.

L’exemple du rejet de la proposition de loi initiée par la plateforme And Samm Djikoyi tendant à alourdir les sanctions contre les pratiques LGBTQ, en est une illustration parfaite.

Pour en arriver à cet état de fait, faudrait-il encore plomber l’éducation et la formation de son peuple surtout de sa frange jeune, en sabordant son école, son système éducatif ? Car, c’est à la situation d’une éducation et d’une formation au rabais que certaines pratiques relevant de l’impunité, de la partialité, de l’iniquité et d’achat de conscience ou détournement du vote des populations peuvent prospérer.

À contrario, la bonne éducation et formation, donne une connaissance relativement parfaite de nos droits et devoirs mais également une quasi maitrise des enjeux locaux, nationaux, régionaux et mondiaux pour pouvoir agir en conséquence et opérer des choix conscients, libres et responsables. Ce qui suffit à démontrer qu’en bonne République c’est-à-dire celle-là qui promeut la citoyenneté et non la sujétion politique, l’école avec l’appui d’une presse plurielle et d’une opposition digne et respectée même par un pouvoir prétendument central, relève de l’exigence républicaine. Situation de nature à favoriser une justice équitable, une classe politique susceptible d’alternance et d’alternatives socialement positives et, une réelle implication des populations dans la gestion et la prise en charge de leurs aspirations.

Au Sénégal, sommes-nous réellement dans cette situation  républicaine?

Si oui, que faudrait-il alors faire pour la consolider ?

Si non, que devrons-nous entreprendre pour la restaurer ?

Quelles sont les valeurs dont le citoyen sénégalais devra faire montre pour espérer asseoir solidement la république, la démocratie et l’Etat de droit ?

Avec quel profil d’hommes le faire ?

II- OUTRAGE À LA RÉPUBLIQUE DU SÉNÉGAL

La politisation à outrance de l’espace public sénégalais, a fait de la République du Sénégal «  LA PATRIE AVANT LE PARTI » un slogan de campagne électorale et non une réalité. Cette inversion de priorités dans le mode de gestion, nous place d’emblée aux antipodes d’une République. C’est pourquoi, ne sont souvent épinglés par les corps de contrôle ou suspectés dans leur gestion, les membres ou proches du pouvoir.

Beaucoup de comportements délictuels et contraires à la bonne marche républicaine comme le multiplication de faux billets de banque, le Trafic des passeports diplomatiques, le détournement des deniers publics à coût de milliards, l’enrichissement illicite par faux usage de faux , des menaces courantes sur la liberté de  la Presse et les Perturbations scolaires récurrentes ont fini par installer chez les populations l’idée que le pouvoir est utilisé pour l’enrichissement et la jouissance personnelle ou clanique. S’y ajoute une Justice suspectée, le Coût trop élevé des services de santé s’ils existent bien sûr, et des Denrées de premières nécessité, la Tromperie sur des chiffres autour de l’emploi des jeunes, le traitement partisan des cartes nationales d’identité/Electeur en rapport aux échéances électorales.

En réalité c’est le sentiment d’un intérêt général sacrifié à l’autel des intérêts particuliers ou même claniques. De tout ce qui vient d’être dit, nous sommes fondés à croire que le Sénégal n’est plus cet exemple d’oasis républicain.

Il y a donc l’impérieuse nécessité de construire une véritable République, avec des hommes de valeur au leadership fort et capable de motiver et de conduire le peuple à la réalisation du sacro-saint intérêt général.

Pour y parvenir, il faudrait au préalable comprendre que la République est plus un comportement qu’un discours. Comportement qui dérive d’un type d’éducation comme le suggère Montesquieu dans L’ESPRIT DES LOIS. Il rappelle dans cet ouvrage « C’est dans le gouvernement républicain que l’on a besoin de toute la puissance de l’éducation ». Dans le prolongement de sa réflexion, il précise qu’il s’agit d’une éducation à la vertu. Définissant cette dernière, il affirme :

« On définit cette vertu, l’amour des lois et de la patrie. Cet amour, demandant une préférence continuelle de l’intérêt public au sien propre, donne toutes les vertus particulières : elles ne sont que cette préférence ».

S’il en est ainsi, il faudrait au prisme de l’intérêt public, une éducation qui dès l’enfance inculque et habitue chez  l’enfant sénégalais les vertus que voici : PATRIOTISME – CIVISME – DON DE SOI. Puisque c’est ce qui semble faire défaut aujourd’hui à la majorité de notre classe politique.

Le patriotisme en tant qu’il est amour de la patrie, suscite chez la personne la fierté de son appartenance à une communauté, et le désir même de se dévouer voire se sacrifier au profit de l’intérêt supérieur, en l’occurrence, la cause nationale.

Le patriotisme, s’il nous habite, est la sève nourricière du Civisme et du Don de Soi.

Le Civisme est un  comportement qui traduit un état d’esprit. Il est respect des lois et règlements  autour desquels s’organise une communauté. La loi est expression de la volonté générale. La volonté générale n’est pas une simple concaténation des volontés particulières, elle est plutôt, la capacité qu’ont les différentes volontés à converger vers l’intérêt commun et à parler d’une seule et même voix. C’est dire  que lorsqu’une volonté construite autour de l’intérêt commun parle d’une seule et même voix, ce qu’elle dit a valeur de loi. Même si cela semble difficile à réaliser, on s’en approche en cherchant à organiser la société autour de ses aspirations majoritaires. Car, l’Etat est historiquement établi, pour asseoir la Paix et la Sérénité collective.

Adossée sur la loi pour trancher en toute impartialité et en toute neutralité, les conflits d’intérêts ou différends entre citoyens ou entités au sein desquels ils évoluent, la justice en tant qu’institution demeure le pilier d’une République et de son organisation démocratique. Comment au regard de ce qu’elle a eu à prononcer comme décision invalidant en 2019, la candidature de monsieur Malick Gakou, pourrait-elle fermer les yeux sur la liste nationale de « BENNO ».

Quel sort accorderait-elle alors au principe juridique de la JURISPRUDENCE ? Faudrait –il à elle saper le double principe d’impartialité et de neutralité sans lequel il n’y a plus de justice véritable, rien que pour satisfaire les ambitions exclusivement propres à un parti ou coalition au pouvoir. N’a-t-elle pas aujourd’hui une chance inouïe pour rétablir la confiance avec son peuple ? A fortiori lorsqu’à cette irrégularité vient s’ajouter le viol de la loi sur la parité.

Remarquons de ces interrogations, que seule une application stricte de la loi électorale peut légitimer une décision de justice, fut-elle contraire au pouvoir central. Ce qui conduit à penser qu’on peut soumettre toute loi et tout pouvoir qui en découle à un jugement de valeur. Si la bonne loi est celle construite autour de l’intérêt commun et se veut neutre et impartiale, alors il en existe de très mauvaises. Ce sont certainement celles élaborées sur ou contre l’intérêt général. Ces dernières relèvent d’abord de l’incivisme de ceux qui les élaborent, et de leur rupture de contrat avec leur peuple.

Dans le prolongement de notre  réflexion, lorsque le citoyen constate un tel déséquilibre dans l’interprétation et l’exécution de la loi, il se donne généralement le devoir  de résister à l’arbitraire et à l’injustice. Ce qui revient à dire que le civisme n’est qu’obéissance à la loi découlant de l’intérêt commun et résistance à celle opprimant et appauvrissant arbitrairement le peuple. Il n’est jamais une soumission aveugle ou fanatique, une obéissance toxique qui prive le peuple de toute lucidité et de toute respiration.

Dans une République, le peuple a besoin de respirer. Respirer par l’entremise de la presse plurielle, de l’opposition critique, d’une assemblée nationale avertie et libre dans le contrôle de l’action gouvernementale et le vote des lois, d’une population libre dans le choix de ses représentants et selon un calendrier républicain régulier. Tout cela, adossé sur une justice équitable et hors de tout soupçon.

Porter une République, au-delà du patriotisme et du civisme, requiert un don de soi. En réalité, toutes ces valeurs sont indissociables. Le don de soi est une vertu. Il est disposition à savoir s’oublier, se sacrifier au nom de l’intérêt supérieur qui est celui des autres, de la nation. Ce qui signifie qu’il se fait parfois au péril de sa vie. Il faut alors de vrais hommes de valeur pour porter et animer un destin républicain.

III- PROJET RÉPUBLICAIN : LE LEADER OUSMANE SONKO

Le leader Ousmane Sonko est espoir. Il porte en lui une volonté de rupture d’avec tout obstacle à la République, à la démocratie, à l’Etat de droit et au développement socio-économique du Sénégal et de l’Afrique dans sa globalité. C’est pourquoi son discours  transcende les limites du Sénégal et se veut panafricaniste. Ainsi, il fait l’adhésion des forces progressistes africaines, particulièrement de cette jeunesse africaine, soucieuse de sa dignité et de son autonomie à l’égard des puissances colonisatrices. Il  veut enfin apporter à l’interne une réponse au regrettable constat de l’historien Joseph KI-Zerbo  dans son texte À quand l’Afrique ?, sur le rapport entre les Etats africains et leurs peuples.

« Aucun Etat africain n’est capable de faire respecter le bien commun par toutes les citoyennes et les citoyens. L’Etat en Afrique est très souvent un Etat patrimonial. Si celui qui est à la tête de l’Etat prend tous les biens publics comme biens patrimoniaux, c’est comme si l’Etat disparaissait purement et simplement. Ce qui caractérise certaines élites politiques, c’est l’esprit d’irresponsabilité. »

Aujourd’hui certes, des pays comme le Rwanda et le Ghana l’ont compris et ont amorcé une rupture profonde dans leur gestion, cependant il reste encore des efforts à faire. Efforts qui ne peuvent aboutir que lorsque menés par des citoyens dont le patriotisme et le civisme n’écartent pas un don de soi c’est-à-dire un renoncement à soi, au risque même de sa vie.

En l’espèce, nous pouvons sans conteste et au-delà du profil, voir dans le comportement professionnel et politique de Ousmane Sonko, une véritable pédagogie par l’exemple. Le Leader de PASTEF –Les Patriotes, est juriste de formation et Inspecteur principal des impôts et domaines de profession. Au sein de sa corporation, il se distinguera par son engagement au profit des nobles causes. C’est en cela qu’il  créa le Syndicat autonome des agents des impôts  et Domaines en Avril 2005, occasionnant ainsi des avancées significatives à tous les niveaux de ce service.

Pour s’être vu dans son parcours professionnel  confié les responsabilités de vérificateur fiscal et de Chef de brigade de vérification fiscale sur l’immobilier , aussi Auditeur interne à la Direction du Contrôle interne(DCI) de la direction générale des impôts et domaines(DGID), il a eu la claire connaissance des crimes financiers contre le peuple sénégalais et décida de les combattre par la dénonciation et les plaintes. En le faisant au nom du peuple sénégalais, il savait qu’il mettait en  danger sa carrière professionnelle et sa propre vie. Conséquences ont été sa radiation de la fonction publique et des tentatives encore persistantes d’emprisonnement. Ce don de soi dont il fait toujours montre, a conduit le peuple sénégalais à l’élire  député à la treizième législature.

Chemin faisant, il fera de lui aux élections présidentielles de 2019, malgré les irrégularités notées, troisième  aux résultats définitifs. La confiance que lui accorde le peuple sénégalais a suffi pour en faire depuis les élections locales de Janvier 2022, l’actuel Maire de la Commune de Ziguinchor.

Dans sa logique de Bonne gouvernance, telle qu’il est entrain de l’expérimenter à Ziguinchor, la gestion des affaires publiques devra d’abord être expliquée clairement aux populations, afin qu’elles s’en approprient et s’impliquent collectivement à leurs  réalisations.

Sa vertu du Don de soi  motive la confiance et le respect que lui vouent les Sénégalais.  C’est fort de cela qu’il ne saurait accepter à ces législatives de 2022, une application sélective de la loi sur le parrainage et la parité. Les motifs d’irrecevabilité d’une liste doivent à son entendement être applicables à tous sans exception. C’est dire, ce que sa vertuosité promet au peuple sénégalais et les espoirs que ces derniers portent en lui ; font inéluctablement penser qu’il aura avec sa Coalition une victoire aux présidentielles de 2024.

Car, avec Ousmane Sonko, c’est le don de soi pour la tenue équitable des législatives de 2022 et des Présidentielles de 2024. Il incarne l’image d’un peuple sénégalais face à son destin et à ses responsabilités historiques.

Puisse le Seigneur bénir le Sénégal !

Docteur, Ananias Georges Mansaly (Président du Conseil Départemental de Ziguinchor)

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