Remboursements de la dette extérieure : la banque mondiale annonce un record historique entre 2022 et 2024

La charge de la dette extérieure pour les pays en développement a atteint un niveau sans précédent, selon le dernier rapport sur la dette internationale publié le 3 décembre 2025 par la Banque mondiale. Entre 2022 et 2024, l’écart entre les remboursements du service de la dette et les nouveaux financements a atteint 741 milliards de dollars, l’écart le plus important observé depuis au moins cinquante (50) ans.
 
Par ailleurs, selon le document, cette situation a des conséquences directes sur les populations. « Dans les pays les plus endettés, une personne sur deux ne peut se procurer les apports alimentaires journaliers nécessaires à une bonne santé durable ». Malgré cette forte pression, l’année 2024 a néanmoins offert un certain répit, permettant à de nombreux pays d’éviter le défaut de paiement grâce à la stabilisation des taux et un retour sur les marchés obligataires.
 
Selon le rapport, « les pays ont restructuré un montant inédit de 90 milliards de dollars de dette extérieure en 2024, le plus haut niveau depuis 2010. Les investisseurs obligataires ont injecté 80 milliards de dollars de nouveaux financements nets ». Toutefois, ces financements ont un coût élevé, « les taux d’intérêt ayant fluctué autour de 10 %, soit environ le double des niveaux observés avant 2020 ».
 
La Banque mondiale met en garde contre l’endettement croissant. 
Indermit Gill, économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale, a alerté les dirigeants africains : « les conditions de financement mondiales s’améliorent, mais les pays en développement ne doivent pas s’y tromper, ils ne sont pas hors de danger. Leur dette continue de s’accumuler, parfois sous des formes nouvelles et pernicieuses ».

Il a en outre, exhorté les responsables publics à profiter de la marge de manœuvre actuelle pour assainir leurs finances publiques plutôt que de se précipiter sur les marchés d’emprunt. La dette extérieure combinée des pays à revenu faible et intermédiaire a atteint un niveau record de « 8 900 milliards de dollars en 2024 ». Pour les 78 pays les plus vulnérables éligibles aux prêts de l’association internationale de développement (IDA), «la dette a également atteint un volume inédit de 1 200 milliards de dollars ». Ces pays ont déboursé un montant sans précédent de » 415 milliards de dollars » rien qu’en intérêts, au détriment de dépenses vitales pour « l’éducation, la santé et les infrastructures essentielles ».
 
Malgré la difficulté à obtenir des financements à faible coût, la Banque mondiale s’affirme comme le principal bailleur de fonds pour les pays IDA. En 2024, elle a fourni à ces pays « 18,3 milliards de dollars de nouveaux financements nets (nouveaux prêts moins remboursements) ». Ce chiffre s’accompagne d’un montant record de « 7,5 milliards de dollars de dons ». Parallèlement, le rapport note un repli des créanciers bilatéraux publics (États et assimilés), qui ont reçu « 8,8 milliards » de dollars de plus qu’ils n’en ont versé en nouveaux financements en 2024. Face à l’amenuisement des financements extérieurs à faible coût, de nombreux gouvernements se tournent vers des créanciers intérieurs (banques commerciales et institutions financières locales). Pour plus de la moitié des 86 pays étudiés, la dette publique intérieure augmente plus rapidement que la dette extérieure.
 
Haishan Fu, statisticienne en chef de la Banque mondiale, a souligné que si cette tendance marque une évolution positive des marchés locaux, elle comporte un risque. « Des emprunts intérieurs massifs peuvent inciter les banques nationales à privilégier les obligations d’État, plutôt que de prêter au secteur privé local ».  De plus, la dette intérieure est soumise à des échéances plus courtes, augmentant le coût du refinancement pour les gouvernements.
 
Le rapport précise que, dans les « 22 pays dont l’encours de la dette extérieure excède 200 % de leurs recettes d’exportation (dont 18 pays IDA), la pauvreté alimentaire touche en moyenne 56 % des habitants ».

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