Mali: grâce des soldats ivoiriens, un épisode douloureux sans vainqueur évident

Grâce présidentielle avec remise totale de peine : les 49 soldats ivoiriens arrêtés le 10 juillet dernier à l’aéroport de Bamako et condamnés le 30 décembre dernier au Mali pour, entre autres, « atteinte à la sûreté de l’État », vont pouvoir rentrer chez eux. Le communiqué diffusé ce vendredi 6 janvier au soir par les autorités maliennes de transition ne précise pas quand, mais le soulagement des militaires, de leurs familles et de la Côte d’ivoire est grand. Bamako a fini par relâcher les militaires qu’elle qualifiait de « mercenaires », mais en se ménageant une sortie de crise comme toujours fracassante.

Cela aura pris six mois. L’« issue heureuse » tant repoussée semblait devenue inéluctable, mais les autorités maliennes de transition ont tout de même réussi à créer un effet de surprise. La grâce présidentielle attendue depuis la signature d’un mémorandum entre Abidjan et Bamako, il y a tout juste deux semaines, n’a pas eu lieu lors des vœux présidentiels, ni lors de la visite la semaine dernière du médiateur togolais, le président Faure Gnassingbé – qui signe au passage un important succès diplomatique. De quoi faire resurgir les doutes sur les intentions réelles de Bamako et sur l’état des négociations.

L’annonce surprend et frappe fort

L’annonce réussit ainsi à surprendre malgré tout et frappe fort : le président de la Cédéao, Umaru Sissoco Embalo, est directement ciblé, avec des formules ironiques qui frisent même l’insulte. Sa menace de sanctions, pourtant suspendue, est qualifiée d’« agressive ». « Depuis le 14 janvier, le Mali ne figure plus sur la liste des pays intimidables », assène avec mépris le communiqué gouvernemental, en référence à l’importante journée de mobilisation de l’année passée contre les sanctions économiques alors imposées par l’organisation ouest-africaine pour accélérer un retour du Mali à l’ordre constitutionnel.

Bamako cède mais sans courber l’échine

Une date récemment instaurée en jour férié et baptisée « journée nationale de la souveraineté retrouvée », qui sera assurément l’occasion, la semaine prochaine, d’un nouveau morceau de bravoure. Bamako cède mais sans courber l’échine, l’épisode s’achève sans vainqueur évident, mais au prix de beaucoup de temps, d’énergie et de tensions. Quant aux relations entre le Mali et la Côte d’ivoire, l’avenir dira si elles sont à nouveau réellement apaisées.

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