Pourquoi le patronat soutient Pape Alé Niang

La liberté de la presse et la liberté d’expression sont garanties par la Constitution du Sénégal, comme libertés fondamentales dans ses articles 8 à 10 et dans son Préambule. Le patronat de la presse, le Conseil des Diffuseurs et Éditeurs de la Presse du Sénégal (CDEPS), a toujours manifesté son soutien sans réserve, hier comme aujourd’hui, aux journalistes et techniciens des médias, victimes des agressions contre la presse.

Cette position de principe s’applique aujourd’hui à notre confrère Pape Alé Niang. Comme l’a affirmé sur la RFM un de ses avocats, Me Ciré Clédor Ly, Pape Alé Niang a été arrêté et est poursuivi pour «appel à la subversion ; recel et diffusion de documents administratifs, estampilles secret et propagation de fausses nouvelles».

Le «recel et diffusion de documents administratifs, estampillés secret et propagation de fausses nouvelles» porte sur la procédure judiciaire dans la plainte de viol de la dame Adji Sarr contre le député et leader politique Ousmane Sonko. Quel secret d’État y aurait-il dans une affaire pénale entre deux citoyens sénégalais ?

Ici, le débat ne concerne pas Adji Sarr, mais un journaliste qui dévoile les dessous de l’enquête la concernant. L’affaire Adji Sarr est une enquête pénale pour défendre les intérêts de la plaignante, mais aussi du présumé violeur. Ce ne serait en aucun cas une affaire d’État.

De même, quelles que soient les positions affirmées par Pape Alé Niang, il a le droit de s’exprimer sur la question sans pour autant qu’on l’accuse de divulgation de fausses nouvelles ou de secrets d’État. À l’époque, j’avais moi-même averti feu Sidy Lamine Niasse que le directeur de l’ARTP d’alors, lui-même candidat aux élections locales, allait venir fermer la télévision Walfadjri pour un parti pris manifeste contre le régime en place. Dans les deux cas, je ne cautionne ni ce que dit Pape Alé Niang ou à l’époque la ligne éditoriale de Walfadjri, mais ils ont tous les deux le droit d’exprimer leurs points de vue.

C’est ça l’essence de la liberté de presse et de la liberté d’expression dans l’esprit et dans la lettre de la Constitution du Sénégal.

Le Sénégal a connu deux alternances politique en 2000 et 2012 grâce à une presse libre et indépendante. Sans une presse républicaine, jamais le président Abdoulaye Wade ou le président Macky Sall n’auraient été élus. Ils l’ont eux-mêmes reconnu. Le Sénégal, comme tout État, a besoin d’une presse libre et indépendante du pouvoir politique et des lobbys en tous genres. C’est ça qui fera avancer le Sénégal. Sans presse, il n’y a pas de démocratie. Le véritable débat au Sénégal doit avant tout porter sur les immenses défis que nous devons relever pour notre développement économique et social.

Mamadou Ibra Kane, Président du CDEPS

Le mardi 8 novembre 2022.

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