Procès Ousmane Sonko-Mame Mbaye Niang : Les raisons du renvoi

Le procès Mame Mbaye Niang-Ousmane Sonko a été renvoyé jusqu’au 16 mars 2023.  Les échanges ont été houleux entre avocats, à l’entame du procès. Le bâtonnier est d’ailleurs intervenu pour un ultime renvoi au 16 mars. 
Le juge a commencé par rappeler que le tribunal est constitué d’hommes et de femmes qui ont tenu très haut le flambeau de la justice. « Quand on juge ses semblables, autant donner l’exemple », a dit le juge Mohamed Diop. Maitre Ousseynou Fall prendra la balle au rebond pour notifier qu’il y a des juges respectueux, tout comme les avocats le sont. Tous ces avocats sont dignes de la justice et méritent le respect. Nous n’accepterons pas d’être traités à part. Nous sommes d’égale dignité, dit-il. Le juge reprécisera qu’il s’adresse à tout le monde. 
 
Aussitôt après, Abdou Aziz Diop a demandé le renvoi du procès, pour permettre aux nouveaux avocats qui venaient de se constituer de s’imprégner du dossier. Un de ses confrères de la défense souligne des entraves pour accéder au dossier. « On a écrit au juge et au parquet. Ils ont été saisis d’une correspondance régulière pour mettre à la disposition des avocats une clé USB versée à la procédure. Et comme le parquet ne peut pas fixer les règles du procès, il ne doit pas prendre la décision de ne pas mettre le dossier à la disposition des avocats de la défense », a dit la robe noire.
 
Maitre Babacar Ndiaye explique à son tour que certains témoins doivent comparaître et n’ont pas été convoqués. Ce que le parquet réfute d’un revers de main.
 
Selon lui, la défense a été invitée à verser les noms et adresses des témoins ; ce qu’elle n a pas fait. Le parquetier ajoute que Me Babacar Ndiaye a reçu la totalité du dossier, à sa demande.
 
Revenant à la charge, Me Ousseynou Ngom note que personne ne peut prouver que Sonko a reçu la citation. D’ailleurs, il affirme  ne pas comprendre l’empressement du procureur à retenir l’affaire. « Le temps des hommes politiques n’est pas le temps de la justice. C’est un dossier ordinaire. Il faut qu’il soit jugé comme tel », plaide-t-il.
 
 Pour Me Étienne Diatta, cette affaire est renvoyée pour la première fois. Elle peut faire l’objet d’un second renvoi. Nous sommes dans un État de droit. C’est une affaire banale de diffamation. J’ai fait noter ma constitution avant-hier. Je fais aujourd’hui noter la constitution de Me Ndoumbé. C’était un renvoi pour que Sonko comparaisse et pour plaidoirie. Les nouveaux avocats doivent connaître le dossier. On parle de renvoi ferme, alors que ça devait faire l’objet d’un renvoi simple », note l’avocat. 
 
Et de préciser : on n’ignore pas qu’après un renvoi ferme, il y a un renvoi ultime, ensuite un renvoi exceptionnel. Son confrère de souligné qu’il y a aussi un renvoi exceptionnellement exceptionnel.
 
Mais Maitre Abdou Dialy Kane de la partie civile s’est opposé fermement au renvoi. « La dernière fois, c’était un renvoi ferme. Nous sommes un État de droit. C’est une procédure banale et personne ne peut prouver que les droits de la défense ont été bafoués. Nous ne sommes pas des ennemis. Plaidons cette affaire et passons à autre chose. A la fin, nous nous retrouverons tous ensemble », dit-il.
 
Après les débats entre avocats des différentes parties et le parquet, le juge a signifié que le contenu des clés USB versées dans le dossier sera écouté en cours d’audience. « Vous êtes d’excellents avocats qui avaient l’habitude de plaider des dossiers devant le tribunal. Ceux qui viennent de se constituer ont eu vent de la procédure et donc pourront aussi plaider le dossier… ».
 
Seulement, Me Diatta ne le laissera pas terminer. L’avocat estime que le juge n’a pas à leur imposer la manière de défendre leur dossier.
 
Sur ces entrefaites, le juge a marqué une pause de quinze minutes. A la reprise, il a prononcé un renvoi ultime, sur intervention du bâtonnier.

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