Turquie: dernière ligne droite avant un scrutin sous tension

Il ne reste plus que quatre jours de campagne en Turquie. Les candidats jettent donc toutes leurs forces dans la bataille avec deux, voire trois meetings par jour pour chacun. Mais il y a une différence importante entre les deux candidats.Recep Tayyip Erdogan, même si son parti l’AKP a fait alliance avec quatre partis d’extrême-droite ou islamistes, est en général seul en scène. Et c’est lui que les foules viennent voir. Kemal Kiliçdaroglu, lui, représente six partis très divers et il fait campagne aux côtés des dirigeants de ces partis, mais aussi des très populaires maires d’Istanbul et d’Ankara.
Parfois, ils sont deux ou trois à la tribune, parfois tous réunis, ou alors chacun tient meeting dans une ville différente en même temps, ce qui permet à l’opposition de décupler ses forces. Et cela représente bien aussi ce pour quoi les Turcs vont voter : soit le gouvernement d’un seul homme, soit un gouvernement de consensus et de coalition.

Séduire les indécis

Les deux principaux candidats semblent anticiper un résultat serré et s’emploient donc à convaincre les indécis. Kemal Kiliçdaroglu espère gagner des voix chez les électeurs déçus de Tayyip Erdogan – ceux qui lui en veulent pour la chute de leur pouvoir d’achat ou pour son exercice autoritaire du pouvoir. Quant à Erdogan, il a promis de faire amende honorable auprès de ceux dont il aurait pu « briser le cœur », leur demandant de continuer à le soutenir.

Dans les deux camps, c’est assez clair, on cherche à séduire les jeunes qui sont nombreux parmi les indécis. Notamment ceux qui votent pour la première fois, c’est-à-dire environ 8% de l’électorat. Kemal Kiliçdaroglu leur promet de ramener la démocratie et la prospérité. Recep Tayyip Erdogan leur fait aussi miroiter des promesses d’aides économiques et essaye d’attirer les plus nationalistes d’entre eux en vantant les avancées technologiques de la Turquie sous sa présidence, notamment dans le domaine de l’industrie de défense.

Tensions

Cette fin de campagne se déroule toutefois dans un contexte extrêmement tendu, violent même. Il y a les attaques verbales, particulièrement dures, du pouvoir contre Kemal Kiliçaroglu, constamment associé au terrorisme. Et on ne compte plus les attaques physiques contre les permanences de campagne, surtout celles de l’opposition.
Le week-end dernier, le maire d’Istanbul Ekrem Imamoglu a été visé par des jets de pierre lors d’un meeting dans l’est de la Turquie. Dix-sept personnes ont été blessées.
Ce climat de violences alimente des inquiétudes pour le jour du vote, la soirée électorale et les jours suivants, en particulier si le score est serré ou si Recep Tayyip Erdoğan est battu. Kemal Kiliçdaroglu a appelé ses partisans à rester chez eux dimanche soir, même en cas de victoire. Il a évoqué des risques de « provocation » et la présence possible « d’éléments armés dans les rues ».

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